Le blog Geekpratique
- Aug 2, 2025
Le piège du perfectionnisme
- Fabrice BEAL
Tu peux voir la version vidéo de cet email. Je le lis devant la caméra en plein centre de Toulouse.
Aujourd’hui je voudrais te parler de perfectionnisme.
Celui qui te pousse à te brider, et qui peut même te déculpabiliser, pour justifier que tu agiras quand tu seras prêt…
Sauf qu’avec cet état d’esprit, il y a de grandes chances pour que tu ne le sois jamais et que le perfectionnisme soit en fait le déguisement parfait de la procrastination.
Parce que tu auras toujours l’impression :
– De ne pas en savoir assez
– Que ce n’est pas le bon moment
– Que tu n’as pas encore acquis assez d’expérience
– Que ce n’est pas assez abouti
– Que tu n’es pas à la hauteur
– Que tu n’es pas assez bon
– Que d’autres sont plus forts que toi
Et le problème, c’est qu’en partant de ce principe, il y a de grandes chances que tu n’agisses jamais et que tu passes ta vie à attendre le moment parfait… qui n’existe pas.
Le perfectionnisme a pollué une grande partie de ma vie.
J’ai passé énormément de temps sur des détails, et pas assez sur l’essentiel.
Plutôt que de commencer simple et d’adapter au fur et à mesure, j’avais le défaut de trop anticiper et de mettre la cerise sur le gâteau avant que le gâteau soit terminé.
Comme prendre la plateforme géniale, la plus sophistiquée pour vendre mes formations, au lieu de passer du temps sur mes formations et les vendre avec un système simple, pour commencer.
J’avais tendance à donner beaucoup dans une formation, en peaufinant à fond, mais en oubliant que ce ne sont pas les détails qui donnaient de la valeur à ce que je transmettais.
Et très souvent, j’y passais deux fois plus de temps pour exactement le même résultat.
Parce que la moitié de mes efforts était passée sur des détails que mes clients ne relevaient même pas.
Et cela m’a conduit à une saturation cette année.
C’est pourquoi j’ai tout d’un coup lâché beaucoup de choses, en me filmant face caméra, parce que pour une fois, ça me faisait du bien de parler comme j’aurais parlé à un ami, sans calculer, sans peser chaque mot, et en m’autorisant à être imparfait, à être tout simplement moi.
Je vais te dire ce qui a fait la différence ces derniers temps : c’est oser.
Parce que le perfectionnisme est une excuse déguisée qui justifie ton manque d’audace.
Je prends l’exemple d’Antoine de Maximy qui a réalisé l’émission « J’irai dormir chez vous », qui est pour moi un modèle. Un modèle de spontanéité, d’imperfections, de naturel.
Le gars part sur les routes sans aucune programmation, sans savoir qui il va rencontrer, sans savoir exactement où il va se retrouver, ni le merdier qui l’attend peut-être à un moment donné.
C’est tout l’inverse d’une émission lissée, où tout brille parfaitement, où tout est tenu, cadré, y compris le présentateur qui a l’air de sortir de chez l’esthéticienne.
Pour tout te dire, je doute beaucoup, parfois trop.
Il y a même des vidéos que j’avais presque honte de publier à certains moments, parce que je les trouvais pas terribles.
Et c’est souvent celles-là qui, paradoxalement, marchaient le mieux, par rapport à d’autres que j’avais davantage travaillées et dont j’étais fier…
J’ai compris — ou plutôt, j’avais compris depuis longtemps, mais jamais intégré vraiment : oser en étant très imparfait l’emporte très largement sur le perfectionnisme.
Même si tu doutes, que tu ne te sens pas prêt ou pas à la hauteur, agis quand même.
Agis surtout si tu te sens comme ça, parce que ça voudra dire que tu es vrai et que tu ne te racontes pas d’histoires.
La vie, ce n’est pas l’histoire du prince charmant qui délivre la princesse piégée en haut de sa tour et qui finit par : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. »
Parce qu’à chaque fois que tu penses réussir avec le perfectionnisme, c’est exactement comme si tu croyais que la vie devrait se dérouler selon cette histoire.
On sait tous que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, et que rien n’arrivera jamais exactement comme tu l’avais espéré.
C’est pareil avec les résultats que tu attends : ils ne se manifesteront pas forcément sous la forme que tu imagines.
Et je vais même aller plus loin : parfois, c’est l’imperfection ou l’échec apparent qui mène au vrai résultat.
Comme pour l’inventeur du Post-it, qui avait raté sa colle.
À la base, il cherchait à créer un adhésif ultra-puissant… et il a obtenu une colle trop faible, qui se décollait facilement. Un échec total ! Ou pas... puisqu'on connaît tous les Post-it…
Ou comme ce vin : le Monbazillac, qui, d’une cuvée ratée au moyen-âge parce que les raisins étaient moisis, est devenu un des vins les plus réputés au monde — grâce à cette “pourriture noble” qui lui a donné un goût unique.
Voilà ce qu’est l’imperfection parfois : juste un chaos génial qui donne, non pas la perfection, mais l’excellence.
👉 L’excellence que visait Michael Jackson, et qui l’a fait devenir le roi de la pop.
👉 L’excellence de Steve Jobs, qui a inventé le smartphone avec une première version imparfaite, à laquelle il manquait beaucoup de choses — qu’il a simplement améliorée à chaque nouvelle version.
Il n’a jamais attendu que ce soit parfait pour le vendre.
Et il en a vendu des millions.
L’empire iPhone, ce sont 16 versions, pas un modèle unique censé être parfait.
C’est pareil pour moi aujourd’hui : je n’attends plus de faire la vidéo parfaite.
J’ose enfin faire des vidéos qui ne sont que moi, et que j’essaye d’améliorer.
J’ose maladroitement aborder des gens que je ne connais pas dans mes voyages — comme cette artiste qui s’entraînait au cerceau à Toulouse, mais avec qui j’ai pu faire une petite interview et créer un lien qui n’aurait jamais existé autrement, si je ne l’avais pas dérangée pendant son entraînement…
Oser te fait changer de ligne temporelle, par des micro-choix qui ne durent que 5 secondes… entre la peur de mal faire et l’impulsion d’audace qui peut tout changer.
5 secondes qui te donnent l’occasion de faire tourner la roue de fortune, et transformer ta vie à chaque fois que tu décides d’agir malgré la peur.
Tu peux voir la version vidéo de cet email. Je le lis devant la caméra en plein centre de Toulouse.
À tout de suite,
Fabrice